Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sacré.

La petite bonne, dont le désespoir avait tant occupé la foule, franchit d’un bond l’espace qui la séparait de l’escalier.

— C’est lui ! s’écria-t-elle ; je le reconnais ! le voilà !… oh ! je savais bien qu’on voulait nous le cacher.

Puis, le poing fermé :

— Rends-nous notre enfant, coquin ! scélérat ! criait-elle. Ah ! laissez-moi donc passer que je l’étrangle.

— Vous vous trompez, sans doute, mademoiselle, essaya Belle et Bonne ; je connais monsieur depuis longtemps et je réponds de lui… toi aussi, n’est-ce pas, mon ami, ajouta-t-elle en adressant à son mari un regard chargé de prière, toi aussi, tu réponds de lui ?…

— Oui, oui, je réponds de lui… je le connais… nous le connaissons, murmura le marchand de vins qui ne comprenait rien à tout cela.

L’étranger cependant s’était rapproché de Belle et Bonne, qui, seule, le séparait du magistrat.

— Ne craignez rien, madame, lui dit-il de sa douce et triste voix ; je ne cours aucun danger ; il y a là une erreur qu’un mot sans doute va éclaircir.

— Je tremble, murmura la jeune femme ; j’ai peur pour vous.