Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/59

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de ça. Allons vite, du grog ; il faut qu’elle aime son papa.

Il voulut la reprendre et la caresser, mais l’enfant résista.

— Vous ! mon papa, dit-elle. Moi, vous aimer !… jamais. Vous me faites peur.

— Sais-tu, mon fils, qu’elle aura une tête, ta femme, dit Hercule au charlatan, qui aidait la ménagère à préparer le grog.

— Tant mieux ! dit-il, j’aime ça.

— Tout ira bien alors. Ma fille, fais ta tête, commande, défends, approuve ; ton mari le permet. Tu seras reine ; t’en vaux, ma foi, bien la peine, après tout. Vive donc notre petite reine ! À sa santé camarades.

Et comme le punch, le grog remplissait les verres.

— À toi celui-ci, petite, dit Hercule, en présentant un verre à l’enfant, qui se recula.

— Je n’en veux pas… va-t’en ! Je ne veux rien prendre ici. Si l’on ne m’emmène pas de là, je me laisserai mourir de faim.

Tous se prirent à rire, et le charlatan s’approcha de la petite fille.

— Elle est résolue, la gamine, dit le Renard. Ça tient du père ; qu’en penses-tu, Hercule ?