Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/61

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la présence de celui qu’elle appelait bon ami, et les cajoleries un peu rudes de son papa Hercule, elle était ce soir-là d’autant plus gaie, que la liqueur, à laquelle la pauvre enfant s’habituait on ne peut mieux, faisait tourner sa petite tête, au grand plaisir de la troupe entière.

Tout se termina par un sommeil général et profond, que décelait le concert, plus bruyant qu’harmonieux, de toutes ces respirations d’hommes ivres.

Le lendemain, quand la ménagère, impatientée de la paresse prolongée de ses hommes, vint leur rappeler que la matinée allait finir, il manquait deux personnes à l’appel : le charlatan et la petite fille.

— Je savais bien, moi, dit le Renard à Hercule, que le coquin se sauverait un jour en te montrant la lune. Tu n’as pas voulu me croire.

Mais le colosse stupéfait ne répondait pas ; le jeune homme était la première créature qu’il eût aimée. Ce qu’il appelait son ingratitude était pour lui, comme il le disait dans son grossier langage, un rude crève-cœur.

Tout à coup cependant, sa nature violente reprit le dessus ; il bondit dans l’espace étroit de sa voiture, comme un tigre dans une cage qu’il ne peut franchir.