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de Mme de La Guette.

dis un qui dit : « Voilà madame de La Guette, » et se jeta de son cheval, s’en venant à grands pas droit il moi, avec quelques-uns de ses camarades. C’était La Ferté, un de ceux à qui j’avois sauvé la vie, qui me dit cent choses reconnaissantes sur le bon office que je lui avois rendu. Je leur dis : « Comment, messieurs, vous mettez tout en allarme ! quel dessein avez-vous ? — Nous en voulons tuer demi-douzaine pour notre satisfaction, me répondirent-ils ; vous savez, madame, de quelle façon nos camarades ont été traités ici. — J’espère, messieurs, que vous ne tuerez personne, leur repartis-je, et que M. de La Ferté, que voilà, vous priera de n’en rien faire, à ma considération. Pour moi, je vous en conjure tous ! » Mon mari survint là-dessus, qui les obligea à faire retraite sans coup donné, et monta à cheval pour les faire sortir du lieu plus promptement. La Ferté en usa fort bien avec ses camarades, et me dit en me quittant : « Madame, je vous ai obligation de la vie, et je l’exposerai toujours pour votre service, près et loin. » Tous nos habitants furent bien aises de les voir partir ; car ils croyoient qu’assurément ils feroient sauter la cervelle à quelques-uns avant que de se retirer ; et il y avoit, en effet, grande apparence. Les principaux d’entre eux nous remercièrent d’avoir empêché le désordre.

Enfin, la mort de mon pauvre père arriva ; il nous envoya quérir un jour auparavant ; il me témoigna tant de tendresse et me dit tant de belles