promène ses lecteurs, surtout du petit canton de la Brie où, suivant les Mémoires, sa vie presqu’entière s’est écoulée. Pour s’en convaincre, il suffit de lire ce qu’elle raconte des deux pointes que le duc de Lorraine fit en France avec son armée pendant l’année 1652. On peut aisément avoir la preuve de ce que nous avançons, en suivant d’après elle les mouvements des deux armées sur la carte de Cassini.
Qu’il nous soit permis de le dire, on n’a pas jusqu’à présent accordé à madame de La Guette une attention suffisante. De là vient qu’on a voulu douter de l’authenticité de ses Mémoires, et aussi qu’on s’est fait une idée sinon absolument fausse, du moins très-incomplète de son caractère. Quelques-uns n’ont vu en elle qu’une femme vaillante, dans l’acception que ces deux mots avoient en son temps ; d’autres, moins indulgents, l’ont appelée une virago. Il est vrai qu’elle avoit des prétentions très-arrêtées à la virilité. Aucune louange ne l’a plus flattée que celle qui l’a comparée à madame de Saint-Balmont, et peut-être la renommée de l’héroïne lorraine a-t-elle contribué à exalter ce que la nature lui avoit donné de mâle courage. En tous cas, les événements qui l’ont comme enveloppée des guerres civiles de la Fronde ont certaine-