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achevèrent : pour comble d’insulte, Albuquerque força le roi d’Ormuz de lui donner l’artillerie de sa capitale pour défendre le fort. Il reçut avec toute la pompe d’un souverain les ambassadeurs d’Ismaël, roi de Perse, qui lui nvoyait des présens. Mais, au milieu de tant de gloire et de prospérité, sa santé, altérée par les fatigues, s’affaiblissait de jour en jour. Des ordres de sa cour, qui, pour toute récompense de ses services, le rappelaient à Lisbonne et lui donnaient un successeur, lui portèrent une atteinte plus dangereuse que ses maladies. Il reçut ces ordres comme il retournait dans l’Inde pour y rétablir sa santé : il se permit à peine quelques plaintes ; mais étouffant la douleur qui les lui arrachait, il tomba dans une profonde mélancolie, dont il ne sortit que pour rendre le dernier soupir, en arrivant à Goa le 16 décembre 1515 ; il était dans la soixante-troisième année de son âge. Les Portugais n’avaient point eu dans l’Inde de commandant qui eût fait de si grandes choses, et depuis ils n’en eurent point qui l’égalât[1].

  1. Le traducteur de la compilation anglaise donne ici un échantillon du style des écrivains portugais, qui est assez curieux. Le morceau est de Faria. Il est absolument dans le goût espagnol, qui dominait alors dans toute l’Europe. Au milieu de l’abus des figures, on y remarque de la noblesse. » Si l’on veut porter un jugement désintéressé des exploits qui acquirent aux Portugais la couronne de l’Asie, on trouvera qu’il n’y avait que Pachéro qui fût propre à la forger avec cette fière chaleur qui fondit les armes et tout l’or de l’opiniâtre samorin ; qu’Almeyda seul pouvait lui donner sa forme, et la polir avec son épée et celle de son fils, qui humilièrent l’orgueil du Turc, et que le grand Albu-