Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/158

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vis-à-vis Canton, les Portugais furent tous massacrés. Ils furent chassés de Calicut par le samorin, et obligés de démolir eux-mêmes leur fort et de l’abandonner. Attaqués à la fois dans toutes leurs possessions, ils étaient souvent réduits aux plus déplorables extrémités ; mais ils soutenaient et réparaient même avec une intrépidité admirable les disgrâces que leur attiraient leur orgueil et leur avarice. L’esprit de découverte et de conquête subsistait encore, et, mêlant l’héroïsme au brigandage, il s’étendait du fond de la mer Rouge, où l’on soumettait les îles de Maçoua et Dalakh, jusqu’au détroit de la Sonde, à l’extrémité de l’Océan indien, où l’on subjuguait Java ; il apercevait la grande île de Bornéo ; de là, passant au delà de l’île Célèbes, il conduisait les Portugais jusqu’au vaste archipel des Philippines, où il leur montrait Mindanao. Il n’y avait plus qu’un pas à faire jusqu’aux îles du Japon pour avoir embrassé toute l’Asie et parcouru les mers qui baignent cette vaste partie du monde à l’ouest, au sud et à l’est. Antoine de Mota, François Zeimoto, et Antoine de Peixoto, faisant voile vers la Chine en 1542, furent jetés par la tempête dans l’île de Niphon, nommée par les Chinois Jepucen, d’où les Européens ont formé le nom de Japon. Ce fut là le terme des découvertes des Européens du côté de l’orient. Vers cette époque de 1540, les Portugais dominaient par le commerce et par les armes sur quatre