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teur et indignation. Les capitaines anglais déclarèrent qu’ils n’étaient venus que pour se venger des outrages qu’ils avaient reçus, et qu’ils ne laisseraient entrer aucun navire indien dans la rade pendant toute la mousson. C’était priver les Turcs des avantages et des richesses qu’ils retiraient du commerce de l’Inde. Le pacha fit demander quelle satisfaction, quel dédommagement ils exigeaient. Ils demandèrent cent mille piastres. La chose la plus difficile à obtenir des Turcs, c’est l’argent ; mais ils s’y prirent très-adroitement pour éluder le paiement de cette somme. Ils eurent la permission d’entretenir les nakadas ou capitaines de vaisseaux indiens qui arrivaient en foule pour commercer, et qui se trouvaient arrêtés à la rade de Moka. Ils les déterminèrent à payer pour avoir la liberté du commerce. Chaque vaisseau se taxa à quinze mille piastres. Les Anglais, contens d’être payés, se retirèrent quand ils virent approcher le moment où ils ne pourraient plus faire aucun mal aux Turcs, et prirent la route de l’Europe. Dounton, l’un des capitaines anglais, était destiné à n’être pas mieux traité par ses compatriotes que par les Turcs. Il aborda en assez mauvais équipage sur les côtes d’Irlande. Un de ses matelots, qu’il avait renvoyé pour quelque faute, l’accusa de piraterie auprès du commandant de Waterford. L’accusation n’était pas sans fondement, et fut d’autant mieux écoutée, que c’était un beau prétexte pour saisir les richesses immenses de Dounton. Il fut