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munément les alimens y sont fort chers. Le commerce se fait par des échanges. Atkins observe que les provisions qu’on reçoit le plus volontiers à Madère, sont la farine, le bœuf, la sardine et le hareng ; le fromage, le beurre, le sel et l’huile. Ce qu’on recherche après ces alimens, ce sont des chapeaux, des perruques, des chemises, des bas, toutes sortes de grosses étoffes et de draps fins, surtout les noirs, qui sont la couleur favorite des Portugais. On demande aussi des meubles et des ustensiles, comme de la vaisselle d’étain, des écritoires, du papier, des livres de compte, etc. Les habitans donnent du vin en échange ; le vin commun, sur le pied de trente mille réis la pipe ; le malvoisie, sur le pied de soixante mille. Chaque millier de réis monte à six francs cinquante centimes, dont trois et demi se paient en marchandises de la même valeur, et trois en billets. Mais, lorsqu’il est question d’un envoi considérable, ils accordent une plus forte remise. Comme ils transportent ensuite ces marchandises au Brésil, elles sont quelquefois d’une grande cherté à Madère.

Dans le temps de la vendange, les pauvres n’ont guère d’autre nourriture que le pain et le raisin. Sans cette sobriété, il leur serait difficile d’éviter la fièvre dans une saison si chaude ; et les plaisirs des sens, auxquels ils s’abandonnent sans réserve, joints à l’excès de la chaleur, ruineraient bientôt les plus vigoureux tempéramens. Aussi les Portugais, même les plus ri-