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hommes. Ils ne vécurent, dans cet intervalle, que de farine et de riz cru, avec quelques verres d’eau-de-vie, pour épargner leur eau, dont ils espéraient se servir pour faire de la pâte. Le quatrième jour, ils firent un petit gâteau, qu’ils partagèrent fidèlement en trois parts, et qui fut le meilleur mets qu’ils eussent mangé depuis qu’ils avaient quitté les pirates. Un autre jour ils composèrent une sorte de bouillie qui les soulagea beaucoup. C’était le 3 de novembre. Avec une extrême difficulté ils avaient mis leurs voiles en état de servir. Roberts observa le même jour qu’il était par 17 degrés de latitude nord. Le pilote de Russel lui avait dit, en le quittant, qu’on était à soixante-cinq lieues de l’île de Saint-Antoine.

Dans cette supposition, il se porta vers les îles du cap Vert, surtout vers celle de Saint-Nicolas. Le 7 de novembre, il se trouva, par ses observations, à 16° 55′ nord, environ à quarante-six lieues de Saint-Antoine. La nuit suivante, il tomba un peu de pluie, qui lui donna le moyen de recueillir quatre ou cinq pintes d’eau. Elle fut suivie d’un calme de plusieurs jours. Le 10, avec le secours d’un vent frais qui dura jusqu’au 16, il s’avança jusqu’à la vue de Saint-Antoine, à dix-huit ou dix-neuf lieues de distance. Le calme ayant recommencé l’après-midi du 16, il prit un requin. Cette pêche lui coûta beaucoup de peine, et mit même le bâtiment en danger par les violentes secousses du monstre marin, qui avait