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la felouque, il espérait encore de les mettre sûrement à terre. Mais ils lui déclarèrent qu’ils ne travailleraient à rien que lorsqu’ils le verraient à l’ancre, s’engageant néanmoins par d’horribles sermens à ne pas l’abandonner.

Roberts s’approcha du rivage, et serra de si près la Punta do Sal, que, vers l’extrémité de la pointe, un homme aurait pu sauter du bord sur le rivage. La raison qui lui faisait tant hasarder contre les rocs était sensible. Cette pointe lui paraissant l’extrémité de la côte au-dessous du vent, il n’était pas sûr au delà de trouver la terre assez avancée pour remorquer facilement. D’ailleurs les rocs étaient unis et fort escarpés. Il savait qu’ordinairement ces sortes de rocs ne s’avancent pas sous l’eau ; et la difficulté n’étant que d’y grimper lorsqu’il en serait assez proche pour y mettre le pied, il cherchait quelque lieu qui fût favorable à ce dessein. Mais à la première vue qu’il eut de la terre, de l’autre côté de la pointe il découvrit une petite baie assez profonde, dans laquelle il ne balança point à s’engager. La sonde qu’il avait à la main lui donna d’abord treize brasses, ensuite douze. Un courant du nord, qui entre dans la baie, l’aidant beaucoup plus que ses voiles, il s’approcha insensiblement de la terre ; et quoique le rivage lui parût fort inégal, ce qui est ordinairement la marque d’un mauvais fond, il ne se vit pas plus tôt sur neuf brasses, qu’il mouilla à l’ancre à toutes sortes de risques. Les deux Nègres, se voyant si près de la terre, se jetèrent aussitôt dans