Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comptoirs ; il y eut une révolution complète dans le commerce des productions étrangères ; la route étant changée, des villes et des états en perdirent le bénéfice : d’autres l’acquirent. Les connaissances de géographie et d’histoire naturelle furent presque doublées ; jamais le monde n’avait été aussi riche en science. Ce savoir aurait tourné au bonheur dès hommes, si l’humanité l’eût accompagné ; mais on n’avait fait des expéditions que pour s’enrichir, et pour propager par la violence une religion de douceur. On fit, des pays découverts en Afrique, sous la zone torride, des marchés d’esclaves ; plus tard on envoya des inquisiteurs sur la côte de l’Inde.

Étonné de tout ce que les voyages des Portugais avaient fait connaître, on devait croire avec un sentiment d’orgueil que les bornes de la science ne pouvaient être reculées davantage. Cependant, vers ce temps, les Espagnols firent des expéditions plus étonnantes encore que celles des Portugais : ceux-ci avaient achevé d’explorer une partie du monde dont les anciens avaient connu la portion septentrionale ; les vaisseaux espagnols conduits par le génie de Christophe Colomb ; découvrirent une partie du monde dont aucun ancien n’avait soupçonné l’existence, et qui était située dans un hémisphère où aucun navigateur n’avait pénétré : si ce n’est les marins scandinaves, qui, dès le dixième siècle avaient découvert le Groenland, et y avaient formé une colonie, sans étendre leurs ex-