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qu’au départ du ministre tartare, c’est-à-dire jusqu’au mois suivant. Cette forteresse est située sur une montagne nommée Numma-san-Siang, qu’on ne peut monter en moins de trois heures. Elle est si bien défendue, qu’elle sert de retraite au roi même dans les temps de guerre. La plupart des grands du royaume y font leur résidence ordinaire, sans crainte d’y manquer de provisions, parce qu’elle en est toujours fournie pour trois ans.

Vers la fin de novembre, le froid devint si vif, que, la rivière étant glacée, on y vit passer à la fois trois cents chevaux chargés. Le général, alarmé pour les Hollandais, témoigna son inquiétude au roi. On leur fit distribuer quelques cuirs à demi pourris, qu’ils avaient sauvés de leur naufrage pour les vendre et s’en acheter des habits. Deux ou trois d’entre eux employèrent ce qui leur revint de cette vente à se procurer la propriété d’une petite hutte, qui leur coûta neuf ou dix écus. Ils aimèrent mieux souffrir le froid que de se voir continuellement tourmentés par leurs hôtes, qui les envoyaient chercher du bois dans les montagnes, à trois ou quatre lieues de la ville. Les autres, s’étant vêtus le moins mal qu’il leur fut possible, passèrent le reste de l’hiver comme ils en avaient passé d’autres.

L’envoyé tartare étant revenu à Sior au mois de mars 1655, il leur fut défendu, sous de rigoureuses peines, de mettre le pied hors de leurs maisons. Cependant le jour de son dé-