Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/105

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part, Henri Jans et Henri Jean Bos résolurent de se présenter à lui dans le chemin, sous prétexte d’aller au bois. Aussitôt qu’ils le virent paraître à la tête de sa troupe, ils s’avancèrent près de son cheval, et prenant les rênes d’une main, ils ouvrirent de l’autre leur robe coréenne, pour faire voir par-dessous l’habit hollandais. Cet incident causa d’abord beaucoup de confusion dans la troupe. L’envoyé leur demanda fort curieusement qui ils étaient. Mais ne pouvant se faire entendre, il leur donna par signes l’ordre de le suivre. Le soir, s’étant informé s’il pouvait trouver un interprète, on lui parla de Wettevri. Il l’envoya chercher sur-le-champ. Wettevri ne manqua pas d’en avertir le roi. On tint un conseil dans lequel il fut résolu de faire un présent à l’envoyé pour empêcher que cette affaire n’allât jusqu’aux oreilles du khan. Les deux Hollandais furent ramenés à Sior, et resserrés dans une étroite prison, où ils ne tardèrent pas à finir leurs jours. Mais leurs compagnons ne les revoyant plus, ignorèrent si leur mort avait été naturelle ou violente. Après le retour de ces deux malheureux, tous les autres furent conduits devant le conseil de guerre, pour y être examinés. On leur demanda s’ils avaient eu connaissance de la fuite de leurs compagnons ; leur désaveu n’empêcha point qu’ils ne fussent condamnés à recevoir chacun cinquante coups sur la plante des pieds. Mais le roi leur fit grâce, en déclarant qu’ils devaient être moins considérés comme