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entreprise des deux Hollandais, il fût venu deux fois de la part du grand khan, sans avoir fait aucune mention de cet événement, la plupart des seigneurs coréens s’efforcèrent d’engager le roi de se défaire de tous les autres. On tint conseil là-dessus pendant trois jours. Mais le roi, le prince son frère, le général et quelques autres rejetèrent une proposition aussi atroce, et dont le khan pouvait tôt ou tard être instruit. Le général proposa de les faire combattre chacun contre deux Coréens, avec les mêmes armes : c’était le moyen, disait-il, de se délivrer d’eux, sans qu’on pût accuser le roi du meurtre de ces pauvres étrangers. Ils furent informés secrètement de cette résolution par quelques personnes charitables. Le frère du roi, passant dans leur quartier pour se rendre au conseil, dont il était président, ils se jetèrent à ses genoux, implorèrent sa bonté et le touchèrent d’une si vive compassion, qu’il devint leur protecteur : aussi ne durent-ils la vie qu’à ses sollicitations et à l’humanité du roi. Cependant, plusieurs personnes paraissant offensées de cette indulgence, on résolut, autant pour les mettre à couvert des entreprises de leurs ennemis que pour les dérober aux Tartares, de les reléguer dans la province de Thillado, en leur assignant par mois cinquante livres de riz pour leur subsistance.

Suivant cet ordre, ils partirent de Sior à cheval, au mois de mars 1657, sous la con-