Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/132

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mune de l’Europe ; les grands et les gouverneurs l’emploient pour répondre aux placets qu’on leur présente, pour faire leurs notes sur les lettres du peuple. La troisième, qui est la plus grossière, sert aux femmes et au peuple : elle est plus aisée que les deux premières. Les Coréens ont un grand nombre d’anciens livres, soit imprimés ou manuscrits, à la conservation desquels on veille si soigneusement, que la garde n’en est confiée qu’au frère du roi. Plusieurs villes en ont les copies en dépôt, par précaution contre les ravages du feu.

La connaissance qu’ils ont du monde est fort imparfaite. Leurs auteurs assurent que la terre est composée de quatre-vingt-quatre mille pays ; mais ces suppositions trouvent peu de crédit parmi les habitans. « Il faudrait donc, disent-ils, compter pour un pays la moindre île et le plus chétif écueil ; car peut-on s’imaginer autrement que le soleil suffise pour éclairer tant de régions en un seul jour ? » Lorsque les Hollandais leur nommaient quelques royaumes, ils se mettaient à rire, en leur disant que c’étaient sans doute des villes ou des villages, parce que la connaissance qu’ils ont des côtes ne s’étend point au-delà de Siam, où leur commerce se borne. Ils sont persuadés en effet, qu’il n’y a que douze royaumes dans le monde, ou douze contrées, qui étaient autrefois soumises à la Chine, et qui lui payaient