Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cinq jours de navigation pour y aller en partant de cette ville.

D’après ces renseignemens, Yang-ti envoya des gens instruits et des interprètes à Lieou-kieou pour déclarer au prince qu’il devait reconnaître pour son souverain l’empereur de la Chine, et lui faire hommage. Cette proposition fut, on peut le deviner sans peine, très-mal reçue du roi de Lieou-kieou. Ce prince renvoya les Chinois, en leur disant qu’il ne connaissait aucun prince au-dessus de lui. Cette réponse, que l’on peut appeler fière, et qui n’était que raisonnable, fut très-mal reçue de l’empereur Yang-ti. Outré de dépit en apprenant la manière méprisante dont on avait accueilli ses propositions, il équipa une flotte sur laquelle plus de dix mille hommes de bonnes troupes s’embarquèrent. Cette armée arriva heureusement à Lieou-kieou, et, malgré les efforts des insulaires, effectua une descente. Le roi, qui s’était mis à la tête de ses soldats, fut tué en défendant courageusement son indépendance. Les Chinois pillèrent, saccagèrent et brûlèrent la ville royale, firent plus de cinq mille esclaves, et, après ce sanglant exploit, reprirent la route de la Chine.

L’histoire chinoise, de la dynastie des Soui, dit que les peuples de Lieou-kieou n’avaient point alors de lettres et de caractères ; qu’ils n’avaient ni petits bâtons, ni fourchettes pour manger ; que les princes, les grands, les peuples, le roi même, vivaient fort simplement ;