Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/181

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si vif au commencement de septembre, qu’étant le 8 à Tondon, premier village des Mantchous Ke-tching-ta-se, ils furent obligés de prendre des robes doublées de peaux d’agneaux. Ils craignirent même que le Sag-halienoula, quoique très-large et très-profond, ne se glaçât jusqu’à fermer le passage à leurs barques : en effet, tous les matins il était pris jusqu’à une distance considérable de ses bords, et les habitans les assuraient que bientôt la navigation y deviendrait dangereuse par le choc des quartiers de glace que ce fleuve charrierait. Plus on avance vers l’Océan oriental, plus le froid est entretenu par les grandes et épaisses forêts du pays. Il fallut neuf jours aux missionnaires pour en traverser une, et ils furent obligés de faire abattre un certain nombre d’arbres par des soldats mantchous, afin de se procurer assez d’espace pour observer la hauteur méridienne du soleil.

Entre ces vastes forêts, ils trouvèrent par intervalles de belles vallées arrosées de ruisseaux d’une eau excellente, dont les bords étaient émaillés d’une grande variété de fleurs, la plupart communes en Europe, à l’exception du lis jaune, qui a une odeur très-suave. Les Mantchous font beaucoup de cas de cette fleur : par sa hauteur et sa forme, elle ressemble parfaitement à nos lis blancs ; mais son odeur est plus douce : les missionnaires n’en furent pas surpris, puisque les roses qu’ils rencontraient dans ces vallées n’ont pas le parfum des nôtres,