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et que nos tubéreuses, transplantées à Pékin, y sont devenues moins odorantes.

Les plus beaux lis jaunes se trouvent à sept ou huit lieues au delà de la palissade de Liao-toung ; on en voit une quantité surprenante entre le 41e et le 42e degré de latitude, dans une plaine sans culture, qui, sans être marécageuse, est un peu humide, et qui est arrosée d’un côté par une petite rivière, et bordée de l’autre par une chaîne de petites montagnes.

Mais, de toutes les plantes du pays, la plus précieuse comme aussi la plus utile, et qui attire un grand nombre d’herboristes dans ces déserts, c’est le gin-seng, que les Mantchous appellent orkota, c’est-à-dire la reine des plantes : on vante beaucoup ses vertus pour la guérison de différentes maladies graves, et pour rétablir un tempérament épuisé par des travaux excessifs de corps ou d’esprit. Elle a toujours passé pour la principale richesse de la Mantchourie orientale. On peut juger de l’estime qu’on en fait par le prix où elle se soutient encore à Pékin ; une once s’y vend sept fois la valeur de son poids en argent.

On ne peut cueillir cette plante qu’avec le consentement des gouverneurs qui envoient exprès des détachemens de soldats dans les lieux qui le produisent ; mais les marchands chinois ont l’adresse d’y pénétrer en se mêlant dans le cortége des mandarins ou parmi les soldats qui vont et viennent sans cesse entre Kirin-oula et Ningouta ; et les gouverneurs fa-