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vorisent souvent cette fraude. Lorsque ceux-ci veulent faire recueillir le gin-seng suivant les règlemens, ils font partir une troupe de soldats commandés par leurs officiers.

Lorsque ces herboristes commencent à chercher cette plante, ils sont obligés de quitter leurs chevaux et leurs équipages. Ils ne portent avec eux ni tentes, ni lit, ni d’autres provisions, qu’un sac de millet rôti au four. Ils passent la nuit à terre, couchés sous un arbre, ou dans des cabanes qu’ils construisent à la hâte avec des branches d’arbre. Les officiers qui campent à quelque distance, dans un lieu abondant en fourrage, se font instruire des progrès du travail par des gens chargés de porter à ceux qui cherchent le gin-seng, leur provision de bœuf et de gibier. Ce que ceux-ci ont le plus à craindre, ce sont les bêtes féroces, surtout les tigres. Si quelqu’un ne paraît point au signal qu’on donne pour rappeler la troupe, on le suppose dévoré.

Le gin-seng ne croît que sur le penchant des montagnes couvertes de bois, ou sur les bords des rivières profondes, ou autour des rochers escarpés. Si le feu prend dans une forêt, cette plante ne reparaît que trois ou quatre ans après l’incendie, ce qui semblerait prouver qu’elle ne peut supporter la chaleur ; mais comme elle ne se trouve point au delà de 47 degrés de latitude, on peut conclure aussi qu’elle ne s’accommode pas d’un terrain trop froid. Il est facile de la distinguer des autres