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comme celle des Mantchous, avec cette différence remarquable, que leurs longues robes de dessous sont ordinairement bordées de vert ou de rouge, sur un fond blanc ou gris. Les femmes ont au bas de leurs longs manteaux de dessus des pièces de monnaie de cuivre, ou des petits grelots qui avertissent de leur arrivée. Leurs cheveux, partagés en plusieurs tresses pendantes sur leurs épaules, sont chargés de petits miroirs, d’anneaux et d’autres bagatelles.

Ces Tartares passent tout l’été à pêcher. Une partie du poisson qu’ils prennent sert à faire de l’huile pour leurs lampes ; une autre fait le fond de leur nourriture journalière, et le reste, qu’ils font sécher au soleil sans le saler, parce qu’ils manquent de sel, est conservé pour la provision d’hiver. Les hommes et les bêtes s’en nourrissent également lorsque les rivières sont gelées. Au reste, ces pauvres gens n’en ont pas moins de santé et de vigueur. Les animaux qui servent de nourriture ordinaire sont fort rares dans leur pays, et de si mauvais goût, que les domestiques mêmes des missionnaires, à qui l’on servit un cochon, ne le purent souffrir, quelque avidité qu’ils dussent avoir pour la viande après avoir vécu si long-temps de poisson. Dans ces pays, on attelle des chiens aux traîneaux, lorsque le cours des rivières est interrompu par le froid ; aussi les chiens sont-ils fort estimés.