Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/187

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Les missionnaires, en retournant à Pékin rencontrèrent la dame d’Osouri qui venait de cette capitale, où son mari, le chef général des Yu-pi-ta-se, était mort. « Elle nous dit (ce sont les missionnaires qui parlent) qu’elle avait cent chiens pour son traîneau. Un de ces animaux qui connaît la route, va devant ; ceux qui sont attelés le suivent sans se détourner, et s’arrêtent à des relais où on les remplace par d’autres pris dans la troupe. Cette dame nous assura qu’elle avait fait souvent de suite cent lis chinois, c’est-à-dire dix grandes lieues de France. Au lieu de nous apporter du thé, suivant l’usage des Chinois et des autres Mantchous, ses domestiques nous servirent, sur un plateau de rotang assez propre, de petits morceaux d’esturgeon. Cette dame, qui savait le chinois, avait l’air et les manières bien différentes de ces Yu-pi-ta-se, qui, généralement parlant, paraissent être d’un génie paisible, mais pesant, sans politesse, sans teinture de lettres, et sans le moindre culte public de religion. Les idoles, même de la Chine, n’ont point encore pénétré jusque chez eux : apparemment que les bonzes ne s’accommodent pas d’un pays si pauvre et si incommode, où l’on ne sème ni riz ni froment, mais où l’on cultive seulement un peu de tabac dans quelques arpens de terre qui sont près de chaque village, sur les bords de la rivière. Un bois épais et presque impénétrable couvre le reste des terres, et