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produit des nuées de cousins et d’autres semblables insectes qu’on ne dissipe qu’à force de fumée.

Quoique l’on trouve en Europe la plupart des poissons qui se prennent dans cette rivière, l’on n’y a pas cette quantité d’esturgeons qui fait le principal objet de la pêche des Mantchous. Ils disent que l’esturgeon est le premier de tous les poissons, et qu’aucun ne l’égale. Ils en mangent crues certaines parties, pour profiter, disent-ils, de toutes les vertus qu’ils lui attribuent. Après l’esturgeon, ils font beaucoup de cas d’un poisson inconnu en Europe, mais un des meilleurs que l’on puisse manger. Il a presque la longueur et la taille d’un petit thon ; mais sa couleur est beaucoup plus belle ; sa chair est tout-à-fait rouge, ce qui le distingue de tous les autres poissons. Il est si rare, que les missionnaires ne purent s’en procurer qu’une ou deux fois. Les Yu-pi-ta-se tuent ordinairement les gros poissons à coups de dards, et se servent de filets pour prendre les petits. Leurs barques sont petites, et leurs canots ne sont faits que d’écorces d’arbre si bien cousues, que l’eau n’y peut pénétrer.

Il paraît que le langage des Yu-pi-ta-se est un mélange de celui des Mantchous, leurs voisins à l’ouest et au sud, et de celui des Keching-ta-se, qui sont au nord et à l’est.

Les Keching-ta-se s’étendent le long du Saghalien-oula, depuis Tondon jusqu’à l’Océan.