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vernement de Kirin-oula ; mais c’est sans comparaison la plus agréable, parce qu’elle est située dans une plaine fertile et bien cultivée.

L’histoire des Mantchous n’a rien de plus célèbre que le Songari-oula, et que le Chanyen-alin (en chinois Tchang-bèchang), montagne dont il tire sa source ; ce nom signifie la montagne toujours blanche. Les Mantchous dérivent leur origine du Chanyen-alin : le récit qu’ils font à ce sujet est mêlé de plusieurs circonstances fabuleuses, car tel a toujours été le génie des nations illustres, de trouver quelque chose de merveilleux dans leur premier commencement, et de se prétendre descendues d’aïeux presque au-dessus de condition humaine.

Ce qui paraît vrai, c’est que le pays des Mantchous n’avait pas alors de rivière comparable au Songari-oula ; elle est partout large et profonde, navigable sans danger dans toutes ses parties, parce que son cours est d’une rapidité médiocre, même à son confluent avec le Saghalien-oula ; enfin elle est très-poissonneuse.

Quant au Chayen-alin qui lui donne naissance, c’est la montagne la plus haute de toute la Mantchourie, et on la découvre de très-loin ; la moitié est boisée, l’autre est nue, et n’offre que le tuf ; ce qui la fait paraître toujours blanche. Les Chinois attribuent faussement cette apparence à la neige, puisqu’il n’y en a jamais, au moins en été. Sur le sommet s’élèvent cinq