Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/193

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rochers d’une grandeur extraordinaire ; ils ressemblent à autant de pyramides en ruine, et sont continuellement mouillés par les vapeurs et les brouillards qui s’attachent à leur surface, et qui sont fréquens dans cette contrée. Entre ces rochers se trouve un lac très-profond, d’où sort le Songari. Les Mantchous, pour rendre cette montagne plus merveilleuse, disent qu’elle produit trois grands fleuves, le Tou-men-oula, dont on a déjà parlé, l’Yalon-oula, et le Cibon-oula, qui, après avoir arrosé les limites de la Corée, se réunissent pour se jeter dans la mer de ce royaume : mais cette assertion est inexacte.

Le troisième gouvernement est celui de Tcit-cicar, qui tire ce nom d’une ville neuve bâtie par l’empereur Khang-hi, pour assurer ses conquêtes contre les Russes ; elle est située près du Nonni-oula, rivière considérable qui tombe dans le Songari. Au lieu de murs, elle est entourée d’une palissade de hauteur médiocre, mais bordée d’un assez bon rempart. La garnison est principalement composée de Mantchous, et la plupart de ses habitans sont des Chinois que le commerce y attire, ou qui ont été bannis par la justice. Les uns et les autres ont leurs maisons hors de l’enceinte du mur de bois, qui ne contient guère que les cours de justice et le palais du général mantchou. Ces maisons, qui sont de terre, et qui forment des rues assez larges, sont renfermées aussi dans des murs de terre.