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Sur le bord septentrional, mais à treize lis chinois plus haut, sont les restes d’une ancienne ville nommée Aykom, bâtie par les premiers empereurs de la dynastie des Ming : car, par une vicissitude surprenante des choses humaines, les Mantchous, non-seulement furent chassés par les Chinois, dont ils avaient été les maîtres tant d’années, mais en furent attaqués encore dans leur propre pays avec tant de vigueur, qu’après s’être retirés bien avant, ils furent obligés à leur tour d’élever des lignes dont il subsistait encore des restes au commencement du dix-huitième siècle ; et bientôt après, ne pouvant plus soutenir des ennemis acharnés à leur perte, ils se virent contraints de passer le Saghalien-oula ; et c’est pour les arrêter au delà que la ville d’Aykom fut bâtie.

Il paraît qu’elle se soutint assez long-temps, puisque ce ne fut que plus de vingt ans après que les Mantchous, s’étant rétablis, et étant rentrés dans leur ancien pays, tentèrent de se venger des Chinois par des irruptions subites sur leurs terres, et par la désolation des provinces septentrionales.

Le nom d’Aykom est connu également des Chinois et des Mantchous, et plusieurs même à Pékin le donnent à la nouvelle ville, quoiqu’elle ne soit pas bâtie dans le même lieu mais on doit l’appeler Saghalien-oula-hotun, c’est-à-dire la ville du fleuve Noir. De cette ville dépend en effet tout ce que les Mantchous