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de leurs qualités, bonnes et mauvaises : un mot en exprime deux ou trois ensemble.

Les détails seraient infinis sur les autres animaux. Pour le cheval, par exemple, cet animal de prédilection des peuples mongols, les noms ont été vingt fois plus multipliés que pour le chien ; il y en a non-seulement pour ses différentes couleurs, pour son âge et pour toutes ses qualités, mais encore pour ses divers mouvemens. On ne déciderait pas aisément si cette étrange abondance est un ornement ou un embarras dans une langue. Mais d’où les Mantchous ont-ils pu tirer cette multitude surprenante de noms, et de termes pour exprimer leurs idées ? Ce n’est pas de leurs voisins. À l’ouest, ils ont les Mongols ; mais à peine se trouve-t-il quelques mots qui se ressemblent dans les deux langues ; encore l’origine en est-elle incertaine ; à l’est, jusqu’à la mer, ils ont quelques petites nations qui vivent en sauvages, et dont ils n’entendent point la langue, non plus que celle de leurs voisins, au nord : du côté du sud, ils ont les Coréens ; mais le langage et les caractères de la Corée, étant chinois, n’ont aucune ressemblance avec ceux de la Mantchourie.

Les Mantchous ont quatre manières d’écrire, quoiqu’ils n’aient qu’une sorte de caractères. La première est quand on écrit avec respect, c’est-à-dire en caractères semblables à ceux qui se gravent sur la pierre et sur le bois, ce qui demande un jour entier pour en écrire soi-