dans la langue chinoise, et que, les Mantchous ayant la lettre r, leur langue a de l’avantage sur celle de la Chine pour exprimer les noms étrangers ; mais il soutint que la langue mantchoue, en elle-même, n’est pas commode pour le style concis et coupé ; qu’elle a des mots trop longs et peu convenables, par conséquent, à la poésie. Il dit enfin qu’elle a peu de transitions, et que celles mêmes qu’elle a ne sont pas assez sensibles ; que les plus grands esprits ne peuvent surmonter cette difficulté, et demeurent souvent dans l’embarras pour lier leurs phrases ; qu’après y avoir pensé long-temps, ils se voient fréquemment obligés d’effacer ce qu’ils ont écrit, sans en apporter d’autre raison que le mauvais son ou la dureté d’une expression, l’impropriété du tour et le défaut de liaison. Le prince ne put nier que sa langue ne fut sujette à ces inconvéniens ; mais il prétendit qu’elle ne les avait pas dans la conversation, et que l’on parlait sans hésiter. Parennin le pria d’observer que ceux qui ne possédaient pas comme lui la langue mantchoue dans sa perfection allongeaient beaucoup les finales ; et qu’ils ajoutaient souvent le mot yala, quoiqu’il ne signifie rien ; qu’ils s’applaudissaient beaucoup lorsqu’ils n’avaient répété que deux ou trois fois ce mot dans une conversation ; que ceux qui étaient arrivés nouvellement du centre de la Mantchourie en usaient aussi fréquemment que les autres : ce qui prouverait assez que les transitions sont en
Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/208
Apparence