Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/210

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Il en fut content, et il commença à prendre une meilleure opinion des langues de l’Europe : c’est-à-dire qu’il les plaça immédiatement au-dessous de la sienne ; encore penchait-il à donner la seconde au chinois ; mais le missionnaire protesta fortement contre cette idée, en alléguant la multitude d’équivoques dont cette langue est remplie.

On a rapporté ces détails pour faire sentir le prix que la vanité nationale attache à la prééminence du langage, même chez des peuples que nous regardons comme barbares, et en même temps pour faire voir les différentes idées des différens peuples sur l’harmonie et l’élégance.

Le pays des Mongols, proprement dits appelés Mogols par une abréviation vulgaire et inexacte, est bordé à l’est par le pays des Mantchous, et la grande muraille de la Chine ; au sud, par le Thibet ; à l’ouest, par le pays des Eleuths ; au nord, par la Sibérie. Mais ces limites sont bien vagues, et ce serait trop hasarder que de vouloir donner, même par approximation, l’étendue de cette contrée si peu connue. Le milieu de ce pays est un plateau froid et stérile. C’est là que se termine le désert de Chamo ou Cobi.

Cette portion du plateau central de l’Asie a été le théâtre des plus grandes actions que l’histoire attribue aux Tartares. C’est là que le grand empire de Gengis-khan et de ses successeurs, chefs de hordes mongoles, prit naissance,