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forme et de la grosseur d’un loup. On fait beaucoup de cas à Pékin de la peau de cet animal. Son usage parmi les Chinois est pour ce qu’ils nomment leurs tahou ou leurs surtouts. Le poil en est long, doux, épais, et de couleur grisâtre ; ces peaux se vendent fort bien à la cour du czar, quoique le chulon soit fort commun en Russie et dans les pays voisins.

Le tigre, qui se nomme lao-hou parmi les Mongols, infeste également la Chine et la Mongolie ; il passe dans les deux régions pour le plus féroce de tous les animaux ; son cri seul pénètre d’horreur ceux qui ne sont point accoutumés à l’entendre. Les tigres, dans ces contrées orientales, sont d’une grosseur et d’une légèreté surprenantes : ils sont ordinairement d’un roux fauve, coupé de larges bandes noires ; mais il s’en trouve quelquefois de blancs avec des bandes noires et grises. Les mandarins militaires se servent de ces peaux, sans en retrancher la tête et la queue, pour couvrir leurs chaises dans les marches publiques. À la cour, les princes en couvrent leurs coussins pendant l’hiver. On observe que cet animal, lorsqu’il est environné de chasseurs qui lui présentent l’épieu, s’accroupit sur sa queue, et soutient long-temps l’aboiement des chiens et les coups de flèches ; enfin, lorsque sa rage s’allume, il s’élance avec une rapidité incroyable, en fixant les yeux sur les chasseurs ; mais ils tiennent toujours la pointe de leurs épieux tournée vers lui, et le percent au moment où il croit fran-