Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cieuse, et de la défaite la plus avantageuse. Le gouvernement s’est réservé le commerce exclusif de la rhubarbe.

Cette plante est commune dans les parties du pays des Mongols, arrosées par l’Argou et la Selenga ; on la trouve surtout sur les montagnes qui ne sont pas très-boisées. Elle croît au milieu des rochers. On reconnaît les meilleures racines, qui sont les plus vieilles, à leurs tiges larges et épaisses. Les Mongols commencent à les tirer de terre au mois d’avril ou de mai. Ils les nettoient à mesure qu’ils les arrachent, et les suspendent aux arbres voisins, jusqu’à ce que la récolte soit entièrement finie ; alors ils les emportent chez eux. Ils les remettent ensuite aux préposés du gouvernement chinois, qui mettent de côté les meilleurs morceaux.

L’exportation de la rhubarbe de première qualité est défendue en Chine sous des peines très-sévères. Les Russes de Kiakta en obtiennent par contrebande en gagnant les préposés chinois, qui la laissent mêler avec des racines de qualité inférieure dans les sacs où elles sont renfermées. Ces sacs, qui sont de laine, contiennent plus de cinq pouds (180 livres) ; on les charge sur des chameaux, et ils arrivent à Kiakta, où des commissaires sont chargés d’examiner la rhubarbe. Elle y est déposée dans un magasin particulier. Des ouvriers jurés la nettoient et en enlèvent les portions gâtées ; ils mettent de côté les racines spon-