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qu'à la mer, pour constater l’état de ces deux rivières qui forment la ligne de démarcation, et s’assurer si l’on n’a pas empiété sur le territoire chinois.

Le pays arrosé par l’Argoun est montagneux et nu. En plusieurs endroits, les rochers forment des escarpemens inaccessibles. Les landes qui s’étendent au delà n’offrent de toutes parts qu’un terrain composé de gravier, de fragmens de rochers, et de cailloux, parmi lesquels on en voit beaucoup qui tiennent du cacholong et de la cornaline. Ceux-ci sont à demi transparens ; mais on en trouve rarement d’une grosseur remarquable, et qui soient sans défaut. Les montagnes qui, à des distances différentes, bordent l’Argoun, paraissent diminuer de hauteur ; elles finissent, en se prolongeant au sud, par s’éloigner de cette rivière pour faire place à une vaste plaine, qui s’élargit de plus en plus vers le Dalaï-Nor, ou lac de Dalaï. Ce fond est très-humide, salin et stérile. L’Argoun, moins resserré dans son cours, coule avec plus de lenteur dans ce fond ; il en inonde une partie en juin, parce qu’il reçoit alors les eaux de plusieurs terrains marécageux, qui ne dégèlent qu’à cette époque. Pendant cette inondation, l’Argoun reçoit beaucoup de poissons du Dalaï-Nor, où ils sont très-nombreux.

La contrée supérieure de l’Argoun n’est pas susceptible d’être habitée, le terrain n’étant nullement propre au labourage, et manquant totalement de bois. En juin, l’herbe des mon-