Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et se laissent prendre avant d’avoir parcouru un espace de cent toises.

Une autre espèce d’antilope, qui est de même fréquente dans les steppes de l’Asie centrale, et à laquelle les peuples nomades font aussi la chasse , est le dseren. Il est d’un gris fauve en dessus, et blanc en dessous. L’hiver il est grisâtre, et paraît presque blanc de loin. Il ne se fatigue pas si vite que le saïga. Lorsqu’il est poursuivi, il fait des sauts énormes. Il choisit pour sa nourriture les plantes douces, plutôt que les végétaux aromatiques et salés. Il évite les forêts, et préfère le séjour des plaines arides, sablonneuses et rocailleuses, surtout le désert de Cobi. Il ne craint pas les montagnes, pourvu qu’elles soient dépourvues de bois. Il va par troupes plus nombreuses en automne qu’en été ; il s’approche des habitations en hiver, et quelquefois se mêle avec le bétail domestique. Il est de la taille d’un daim, et se distingue particulièrement par la grosseur de son larynx, qui forme une saillie très-visible et mobile au-devant du cou, surtout dans le mâle adulte, où il devient presque monstrueux, ce qui a fait donner au dseren le nom d’antilope goîtreuse. Le mâle a encore un sac sous le ventre, au même endroit que le musc, mais qui ne se remplit pas de matière odorante. Ses cornes sont noires et petites.

Lorsque le dseren est sauvage, il craint tellement l’eau, qu’il se laisse prendre ou tuer plutôt que de s’y jeter ; mais, lorsqu’il y tombe