Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/260

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plus petits objets dans un éloignement extraordinaire.

Le caractère des Kalmouks, décrié par plusieurs voyageurs, l’emporte de beaucoup sur celui des autres peuples nomades de l’Asie centrale. Ils sont hospitaliers, affables, francs, obligeans, toujours gais et enjoués. Mais ces bonnes qualités sont obscurcies par des défauts ; ils sont paresseux , sales, très-rusés, et un peu colères. Cependant ils vivent entre eux en meilleure intelligence qu’on ne serait tenté de l’imaginer, d’après leur genre de vie indépendante. Ils aiment beaucoup la société et les festins, et ne peuvent se faire à l’idée de manger seuls. Leur plus grand plaisir est de partager ce qu’ils possèdent avec leurs amis. S’il n’y a qu’une seule pipe à fumer dans la société, elle passe de l’un à l’autre ; si on leur donne du tabac ou des fruits, ils s’empressent d’en faire part à leurs amis ou à leur société ; si une famille fait provision de lait pour fabriquer de l’eau-de-vie, les voisins sont invités sur-le-champ avenir en prendre leur part. Toutefois, cette générosité n’a lieu que pour les provisions de bouche, et ils ne partagent jamais leurs biens. Ils ne sont pas plus adonnés au pillage que les autres peuples nomades, à moins qu’il n’existe quelque inimitié entre leurs oulons ou tribus. S’il se commet des meurtres parmi eux, ils sont le plus souvent occasionés par inimitié ou par vengeance ; jamais, au reste, ces crimes n’ont lieu à force ouverte ; c’est toujours par ruse