Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/273

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comme de la corne et d’un excellent usage.

Quoique les hommes mènent une vie douce et oisive en comparaison des femmes, on ne doit cependant pas leur reprocher leur indolence, car on peut les regarder comme des militaires veillant sans cesse à la défense de leurs familles et de leurs biens. Outre l’occupation des armes, ils ont le soin des troupeaux, l’entretien des tentes ou des cabanes, et il faut qu’ils en construisent de neuves pour la dot de leurs filles.

La fabrication du feutre est l’ouvrage de toute la famille, père, mère et enfans des deux sexes. Ils en font de très-grandes pièces qui servent à couvrir les cabanes ; les petites pièces sont employées à faire des tapis et des coussins. Pour fabriquer ce feutre, ils tondent au printemps ou en été leurs moutons avec des couteaux bien aiguisés, ne leur ôtant cependant que la quantité de laine dont ils veulent se servir. Ils l’étendent ensuite sur des paillassons ou sur de grandes couvertures de feutre ; ils se mettent dix à douze personnes autour, et la battent bien pour la purger de poussière ; ensuite ils l’étalent sur des pièces de feutre de la même dimension que celles qu’ils veulent fabriquer. Les ornemens ou les dessins se font avec des laines de couleur. Lorsque la laine est également étendue, ils versent dessus de l’eau bouillante, la roulent avec la pièce de feutre, et lient ce rouleau avec des cordes de crin. Puis ils s’accroupissent tous, et pendant quelques