Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/274

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heures ils se jettent mutuellement le rouleau, de terre sur les genoux , et des genoux à terre, avec toute la force possible. Ils défont ensuite le rouleau, et foulent avec les mains cette nouvelle pièce de feutre pour réparer les défauts qui peuvent s’y trouver.

Rien n’approche du respect que les enfans de toutes sortes d’âge et de condition rendent à leur père ; mais ils n’ont pas les mêmes égards pour leur mère, à moins qu’ils n’y soient obligés par d’autres raisons que celle du sang. Ils doivent pleurer long-temps la mort d’un père, et se refuser toutes sortes de plaisirs pendant le deuil. L’usage oblige les fils de renoncer pendant plusieurs mois au commerce même de leurs femmes. Ils ne doivent rien épargner pour donner de l’éclat aux funérailles ; et rien ne les dispense d’aller une fois au moins chaque année faire leurs exercices de piété au tombeau paternel.

C’est dans des tentes que les Éleuths font leur habitation. Ces tentes, comme celles des Mongols, sont rondes et d’une construction ingénieuse. La charpente de ces cabanes consiste dans une claie d’osier, haute de sept pieds ou davantage. Chaque pièce tient à l’autre par des perches de saule de trente pouces d’épaisseur, et se lève comme un filet ; de sorte qu’en les ouvrant, elles forment un grillage d’une brasse de long sur cinq pieds de large ; en les pliant, chaque perche aboutit directement sur l’autre. On pose cette claie