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Mongols ont une vénération extraordinaire.

Les Éleuths, comme les autres nations nomades de l’Asie centrale, ont peu de commerce ; ils se bornent à faire des échanges de leurs bestiaux avec les Russes, les Boukhariens et leurs autres voisins, pour les objets qui leur manquent. Il n’est guère probable que le commerce devienne jamais florissant parmi eux, comme il l’était du temps de Gengis-khan, cette vaste région étant divisée entre plusieurs petits princes, dont les uns s’opposeront toujours aux projets des autres. Du côté de la Sibérie, de la Chine et des Indes, on peut voyager dans l’Asie centrale avec beaucoup de liberté, parce que les Éleuths et les Mongols entretiennent un commerce tranquille avec leurs voisins, lorsque d’autres intérêts ne les mettent point en guerre.

Ils ne partagent pas l’avidité des Tartares à se procurer des esclaves. Comme ils n’ont besoin d’ailleurs que de leur propre famille pour la garde de leurs troupeaux, qui composent toutes leurs richesses et le fonds de leur subsistance, ils n’aiment point à se charger de bouches inutiles. De là vient qu’on ne voit des esclaves parmi eux qu’au khan et aux taïkis. Lorsque ces princes font des prisonniers à la guerre, ils distribuent entre leurs sujets ceux qu’ils ne retiennent point à leur service, pour augmenter tout à la fois leur nation et leur revenu. Au contraire, les Tartares font souvent la guerre à leurs voisins,