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il en applique la pointe sur le devant de la tête. L’épreuve du feu est usitée dans les cas importans. Ils font rougir une hache ou un morceau de bois ; l’accusé est obligé de le porter sur le bout des doigts, à quelques toises de distance, pour être déclaré innocent. On assure que plusieurs Kalmouks savent faire passer si adroitement ce fer rouge d’un doigt à l’autre, qu’ils ne se brûlent pas ; ce qui est regardé comme une preuve incontestable de leur innocence.

On a vu précédemment que les Kalmouks ont la même écriture, à peu près la même langue, et les mêmes usages que leurs frères les Mongols. Ils ont aussi la même religion, qui est le lamisme, dont nous donnerons une idée en parlant du Thibet, où réside son chef.

Comme tous les peuples ignorans, les Kalmouks sont soumis à l’empire de leurs prêtres. Les Torgots ont un koutouktou, ou vicaire du grand lama, qui est respecté comme une image vivante de la Divinité. Au-dessous de lui sont des zordschis ; enfin les simples lamas, ou gheilongs, vivent dispersés dans les hordes. On en compte un sur cent cinquante à deux cents hordes. Il exerce le ministère religieux près de son aïmack. Les gheilongs ne possèdent rien en propre ; leur revenu ne consiste que dans les offrandes qu’ils reçoivent, surtout les jours de fêtes et de prières ; ils sont aussi exempts de toutes les charges publiques. Ils ne font d’autres saints à leurs princes que de