Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/323

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lettre et des présens pour M. Hastings, gouverneur-général. Celui-ci n’hésita pas à faire partir pour la cour du techou-lama une personne revêtue d’un caractère public. Bogle, sur lequel le choix tomba, partit de Calcutta en 1774, pénétra dans le Thibet à travers mille difficultés, fut bien accueilli partout, fit plusieurs voyages dans l’intérieur du pays, et revint à Calcutta après une absence de quinze mois. Le techou-lama, près duquel Bogle avait été en ambassade, étant mort, le gouverneur du Bengale en envoya une à son successeur, en 1784, pour le féliciter. Ces deux missions ont fourni des détails précieux.

Au reste, il n’est pas surprenant que le Thibet ait si long-temps été à peu près ignoré des Européens, et ne leur soit encore connu qu’assez imparfaitement, puisque les Chinois mêmes qui en sont voisins, n’en avaient pas de notions exactes au commencement du dix-huitième siècle. À cette époque, l’empereur Khang-hi envoya dans ce pays un ambassadeur pour réconcilier deux factions qui le partageaient. Durant son séjour, qui fut de plus de deux ans, l’ambassadeur employa des personnes de son tribunal, qu’il avait amenées avec lui, à composer une carte de tous les pays qui sont immédiatement soumis au grand-lama. Cette carte fut présentée en 1711 au P. Regis, pour la réduire à la forme des cartes qu’on avait faites des provinces de la Chine. Mais ce père ne put exécuter cet ordre, parce que la position