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des lieux n’avait pas été fixée par des observations astronomiques, et que leur distance n’était marquée que d’après le calcul de la marche. L’empereur résolut donc de s’en procurer une plus exacte. Il fit choix de deux lamas qui avaient appris l’arithmétique et la géométrie dans une académie de mathématiques établie sous la protection de son troisième fils, et les chargea de lever une nouvelle carte depuis Si-ning-oeï dans le Chen-si jusqu’à Lassa, et de là jusqu’à la source du Gange. Ils devaient aussi apporter un peu d’eau de ce fleuve. En 1717, le travail de ces lamas fut présenté aux missionnaires, qui le trouvèrent incomparablement meilleur que le premier, quoiqu’il ne fût pas exempt de fautes. Ces matériaux, et quelques informations reçues de personnes distinguées qui avaient voyagé dans le même pays, les mirent à même de dresser les cartes du Thibet, que le P. Duhalde a données dans le quatrième volume de sa description de la Chine. Malheureusement les deux lamas, ayant commencé leur entreprise dans le temps que les Éleuths ravageaient le Thibet, avaient été obligés de beaucoup se presser, dans la crainte de tomber entre les mains des ennemis, ce qui nuisit à la perfection de leur ouvrage, parce que, pour beaucoup de détails, ils s’étaient contentés de consulter les lamas voisins des lieux qu’ils ne pouvaient visiter, et les mémoires déposés dans les archives de Lassa.

Le Thibet porte, chez les Orientaux, les noms