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des chevaux, des mulets et des chameaux, parce que l’argent est fort rare dans le pays.

Ceux qui passaient par Gorroshepour portaient de Patna et de Daka du corail, de l’ambre jaune, des bracelets de coquillage, surtout de l’écaille de tortue, en grosses pièces rondes et carrées, et de l’ambre gris, parce que l’usage de Lassa est d’en brûler dans les fêtes, à l’exemple des Chinois.

On ne bat point monnaie au Thibet par principe de religion : on y fait usage de petites pièces d’argent du Népal ; et en général, le commerce, surtout avec les pays étrangers, a lieu par échange.

Les Thibétains sont un peuple doux, affable, franc, paisible et gai ; leur physionomie tient un peu de celle des Mongols. Les hommes sont robustes et bien proportionnés ; leur teint, ainsi que celui des femmes, est brun ; celles-ci ont néanmoins de belles couleurs. Les Thibétains d’un rang supérieur sont polis, et ont une conversation intéressante ; jamais ils n’y mêlent ni complimens ni flatteries. Ce peuple paraît avoir fait d’assez grands progrès dans la civilisation ; mais il est un peu arriéré dans les sciences. Par exemple, l’année y est encore lunaire, et le mois n’est composé que de vingt-neuf jours. Leurs connaissances en géographie sont très-bornées ; quant à leur chronologie, elle est embrouillée, parce qu’ils n’ont point d’ère déterminée d’après laquelle ils fixent la durée du temps. Le cycle de douze ans est en