Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/336

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rés du Thibet avec des armées qui n’excédaient pas quarante mille hommes, et les Kalmouks l’avaient de même subjugué avec facilité. On peut donc supposer que le nombre des habitans ne va guère au-delà de trois millions, et que l’armée n’est pas de plus de cinquante mille hommes. Le peuple est contraint au service militaire lorsque le prince le requiert. La discipline est si sévère, que les fuyards sont toujours punis après la perte d’une bataille. Les impôts que le peuple paie ne vont pas à la valeur d’une roupie par tête, et sont perçus en or ou en argent et en fourrures. Ce dernier mode a lieu dans les contrées sauvages et incultes du nord du pays, où les zibelines abondent, de même que beaucoup de renards jaunes, d’une mauvaise espèce, dont les poils sont mêlés de blanc. Les soieries sont tirées de la Chine, parce que l’on ne récolte pas de soie au Thibet ; mais on y fabrique des draps avec l’excellente laine du pays. Les gens du commun s’habillent de ce drap qui est grossier ; ils le doublent de peaux d’animaux telles qu’ils peuvent se les procurer. Les personnes de distinction portent des habits faits de drap d’Europe ou de soie de la Chine, doublés des plus belles fourrures de Sibérie. Dans l’hiver, les Thibétains s’enveloppent de fourrures de la tête aux pieds. Les hommes s’habillent de la couleur qu’ils veulent, excepté le jaune et le rouge, qui sont réservés aux lamas : le jaune, pour ceux du premier ordre ; le rouge, pour ceux