Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/340

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comme le vicaire de Dieu, le grand pontife et le chef du clergé ; mais les sectateurs du lamisme voient aussi en lui la Divinité visible ; c’est Fo incarné. Le titre de dalaï-lama signifie grand-prêtre, ou lama par excellence. Il prend celui de dalaï-lama, fortuné vicaire sur cette terre, du grand Dieu saint ; siégeant à sa droite (ouest), et réunissant à une seule doctrine tous les vrais croyans qui habitent sous le ciel. En sa qualité de Dieu, on l’appelle père céleste, et on lui attribue toutes les perfections de la Divinité, surtout la science universelle et la connaissance des plus intimes secrets du cœur. S’il interroge ceux qui lui parlent, ce n’est pas, disent les habitans du Thibet, qu’il ait besoin d’instruction ; car il connaît d’avance la réponse qu’on va lui faire. Comme ils croient que Fo vit en lui, ils sont persuadés qu’il est immortel ; que, lorsqu’il paraît mourir, il ne fait que changer d’habitation ; qu’il abandonne un corps décrépit pour renaître dans un autre corps humain, remarquable par sa pureté et sa beauté, et que le séjour fortuné où son âme doit désormais habiter est révélé par lui-même.

En effet, quand un dalaï-lama veut quitter ce monde, et on assure que cet événement arrive à l’époque, aux heures et suivant les circonstances qu’il a lui-même déterminées, il laisse un testament qui désigne son successeur ; il l’écrit lui-même et le dépose dans un lieu secret auprès de son trône, afin qu’il ne soit