Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/343

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tête de ceux qui viennent l’adorer à genoux. S’il s’en présente un grand nombre, quelques-uns des lamas les plus distingués se placent à côté de son siége, et lui soutiennent le bras droit qui distribue les bénédictions. Les docteurs laïques commencent par prier devant d’autres idoles, ensuite ils se prosternent devant le grand lama, aussi souvent que leur dévotion le leur suggère. Les laïques, qui n’ont pas la qualité de docteurs, ne s’approchent pas d’autres idoles, et vont directement s’incliner devant le dalaï-lama. Il ne refuse sa bénédiction à personne, quoique ceux qui viennent pour l’adorer n’aient pas toujours le bonheur d’obtenir cette faveur. Les prêtres persuadent au peuple que, quand plusieurs personnes sont en adoration devant le dalaï-lama, il se présente à chacune d’elles sous une figure différente. À l’un, il paraît jeune ; à l’autre, de moyen âge, et chacun croit en être seul regardé ; partout où il passe, il se répand une odeur agréable ; à son commandement, des sources jaillissent miraculeusement dans des plaines arides, des forêts s’y élèvent, et il s’y manifeste d’autres merveilles de cette nature.

Le grand-lama, dit le père Régis, reçoit les adorations non-seulement des Thibétains, mais aussi celles d’une prodigieuse multitude d’étrangers qui entreprennent de longs et pénibles voyages pour venir, à deux genoux, lui offrir leurs hommages, et recevoir sa bénédiction.