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Parmi ces pèlerins, il y en a un grand nombre qui viennent de l’Indoustan, et qui ont grand soin de faire valoir leur mérite auprès des lamas en racontant et exagérant presque toujours ce qu’il leur a fallu souffrir de peines et de fatigues en chemin pour arriver à Lassa.

Après les Thibétains, les Mongols et les Kalmouks sont les plus assidus à rendre leurs devoirs au grand-lama. On en voit, à Lassa, qui viennent des contrées les plus éloignées. Dans le temps que les armées des Éleuths entraient sur les terres du Thibet, il se trouvait à Lassa une princesse kalmouke avec son fils, qui demeurait au nord de la mer Caspienne, entre Astrakhan et l’Iaïk. Son fils était neveu du khan des Kalmouks-Torgots. Cette princesse eut recours à l’empereur Khang-hi, qui, après l’avoir entretenue à ses frais, en lui accordant des terres en Mongolie, obtint pour elle la permission d’un libre passage à travers la Sibérie, et lui donna de ses gens pour la reconduire dans son pays.

Le grand-lama réside dans son palais de Poutala, et plus souvent dans deux autres couvens, dont l’un est situé sur le Dsampkho-sou, à mille toises environ au-dessous de Lassa, et porte le nom de Sséra-somba ; en mongol, Sséra-ré. L’autre est un peu plus éloigné, mais au-dessus de la ville, sur le bord d’un ruisseau, et s’appelle Brépoun-gomba ; en mongol, Brépoun-ré. Ces couvens consistent, outre l’habitation du dalaï-lama, qui est magnifiquement