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ministre impérial ne fléchit pas les genoux comme les princes tartares, et que le grand-lama, après s’être informé de la santé de l’empereur Khang-hi, s’appuya sur une main, et fit un petit mouvement comme s’il eût voulu se lever.

Tous les prêtres thibétains, mongols et kalmouks s’accordent à dire que les excrémens et l’urine du dalaï-lama sont regardés comme des choses sacrées ; les excrémens, réduits en poudre, se portent au cou dans des reliquaires, servent à faire des fumigations dans les maladies, et sont même employés comme remède interne par les dévots. L’urine est distribuée par petites gouttes, et donnée dans les maladies graves. Les lamas tirent un profit considérable de la vente de ces déjections sacrées, et ils ont soin d’attester aux fidèles que le dieu incarné prend si peu d’alimens, et boit si peu, que l’on ne saurait être trop économe de ce qui sort de ses entrailles saintes.

Tous les princes qui font profession du culte lamique ne manquent point, en montant sur le trône, d’envoyer des ambassadeurs au dalaï-lama, avec de riches présens, pour demander sa bénédiction, qu’ils croient nécessaire au bonheur de leur règne.

Le grand-lama ne jouissait anciennement que de la puissance spirituelle ; mais par degrés il devint prince temporel, surtout depuis que les khans des Éleuths, ayant vaincu le prince séculier du Thibet, eurent mis le dalaï-lama en pos-