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lamisme. Outre le Thibet, qui en est le centre, elle s’est répandue dans plusieurs parties des Indes, à la Chine et chez tous les peuples mongols. Elle a, il est vrai, disent les missionnaires, reçu quelques modifications dans divers pays, où d’autres chefs ecclésiastiques ont substitué leur pouvoir à celui du dalaï-lama.

Pallas dit qu’à différentes époques l’intérêt politique de l’empereur de la Chine, opposé à celui des khans kalmouks, a fait soutenir, les armes à la main, des anti-dalaï-lamas mis en avant par les cabales intérieures des grands et des prêtres du Thibet.

« Dans le sud du Thibet, continue Pallas, le bogdo-lama, appelé par les Thibétains bogdo-baint-chang-éremboutchi, a donné lieu à de semblables troubles, et a même occasioné une espèce de schisme. Les partisans les plus zélés du dalaï-lama ou les houppes-rouges (oulan-sallaté), qui s’appellent ainsi pour se distinguer des bonnets-blancs (zaghan-makhalaté), placent au second rang ce patriarche, dont peu d’Européens ont encore fait mention. Ils le considèrent cependant comme un dieu incarné, voyageant sur terre d’un corps humain dans un autre. Les Kalmouks le croient plus ancien que le dalaï-lama, et adorent également leurs images. D’autres lui donnent la supériorité. Un lama mongol, qui avait fait dans sa jeunesse un pèlerinage au Thibet, m’a assuré que le dalaï-lama s’était proposé, par dévotion, d’aller en pèlerinage chez le bogdo-lama.