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sur le miroir, de l’eau dans laquelle on a fait fondre du sucre et du safran. Un autre prêtre essuie à l’instant les bords du miroir avec un crêpe de soie extrêmement fin ; l’eau qui a passé sur le miroir est reçue dans le bassin, puis transvasée dans une autre aiguière. Tout fidèle qui n’est pas en état d’impureté doit se faire verser dans le creux de la main quelques gouttes de cette eau : il s’incline profondément, la lèche avec une grande dévotion, s’en frotte le front, le sommet de la tête et la poitrine, persuadé qu’elle le fortifie dans la foi, le sanctifie et le préserve d’un grand nombre de maux : les prêtres en portent tous les jours aux malades. L’ensemble de cette cérémonie offre aux fidèles un sens mystique relatif aux diverses actions de la vie de Boudda, et à la sanctification de la terre par la propagation de sa doctrine.

L’administration de l’eau sainte terminée, les fidèles sortent pour faire dévotement le tour du temple. Pendant ce temps, les prêtres entonnent les grandes litanies, prières vraiment touchantes, dans lesquelles on supplie Dieu de répandre ses bienfaits sur tous les hommes sans distinction. À un signal donné, le peuple se rassemble de nouveau dans le temple, s’assied et écoute, dans le plus profond recueillement, la grande prière, à la fin de laquelle se donne la bénédiction, au son d’une musique bruyante. Ensuite chacun se presse pour arriver aux pieds du