Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/389

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» Le techou-lama était âgé d’environ quarante ans, de petite taille, et quoiqu’il ne fût pas très-gros, il paraissait disposé à prendre de l’embonpoint ; son teint était plus clair que celui de la plupart des Thibétains ; il avait les bras aussi blancs qu’un Européen ; ses cheveux, noirs comme du jais, étaient coupés ras contre la tête ; il ne laissait pas pousser sa barbe et ses moustaches pendant plus d’un mois ; il avait les yeux noirs, petits et très-vifs ; sa physionomie exprimait la bienveillance et la sérénité ; il était gai, ouvert, franc, généreux, prévenant ; non-seulement il écartait l’étiquette dans les entretiens particuliers, mais il parlait avec l’enjouement le plus aimable ; il montrait le plus vif désir de s’instruire, cherchait continuellement à tirer quelques lumières des nombreux voyageurs que la religion ou le commerce conduisent chaque jour à Techou-Loumbou ; et en revanche aimait à faire part aux autres des connaissances qu’il possédait ; ses qualités étaient couronnées par la plus pure vertu. J’ai vainement cherché à découvrir en lui quelques-uns de ces défauts qui sont inséparables de l’humanité ; il était si généralement aimé, que ce fut sans succès ; personne n’a eu le cœur de me dire du mal de lui.

» Quelquefois une foule immense venait l’adorer et recevoir sa bénédiction. Il s’asseyait sous un dais dans la cour du palais. Tous les fidèles étaient rangés en cercle ; les laïques venaient les premiers. Chacun présentait son of-