Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/393

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sembla dans la grande cour de l’intérieur du palais ; les galeries qui l’entourent étaient remplies de spectateurs. Je fus placé, selon l’usage, dans le balcon le plus élevé. La cérémonie commença par des danses que des hommes masqués exécutèrent ; ensuite on leva en l’air plusieurs étendards ; une troupe de gheilongs vêtus d’habits de diverses couleurs fit le tour de la cour en procession, en jouant des cymbales, du tambour, de la trompette, du hautbois et du tambour de basque ; ils étaient suivis de vingt gheilongs déguisés et le visage couvert de masques qui représentaient des têtes d’animaux, la plupart fantasques ; ces gheilongs formaient en dansant toutes sortes de figures ; on étendit à terre un mannequin en papier, dont les traits étaient dessinés au crayon, et l’on fit à l’entour plusieurs cérémonies qui me parurent fort bizarres, parce que je n’y comprenais rien. Enfin on alluma un grand feu dans un coin de la cour ; on y plaça le mannequin, qui fut bientôt consumé, avec une explosion violente accompagnée de beaucoup de fumée : on me dit que c’était l’image du diable ; mais je ne suis pas assez versé dans la mythologie du Thibet pour savoir au juste à quoi m’en tenir ; au reste, cette figure avait les traits européens. »

Le lama étant né à Ladak, ville voisine du Cachemire, son père était Thibétain, sa mère était sœur du radja de Ladak. Il parlait avec facilité l’indoustani ; ce qui donnait à Bogle le